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Ecological  Solutions Roundtable


AGRO-BIO - 310 - 06

L'INTRODUCTION DE VERS DE TERRE DANS UNE PRAIRIE 

par Jean Duval, agr., M.Sc.
septembre 1992.

L'introduction de vers de terre dans un sol agricole n'est pas une pratique courante et il n'existe donc pas de méthode vraiment au point. Selon Stuart Hill, le peu d'essais réalisés se sont révélés infructueux. Quand les vers de terre ne sont pas nombreux, c'est que le milieu ne leur est pas propice.

Il est certain qu'il est inutile d'introduire des vers de terre provenant d'élevage dans un sol agricole. Ceux-ci sont en effet du type Eisenia et ne peuvent survivre et se reproduire que dans la matière organique en décomposition. Ils ne persisteraient donc pas dans une prairie par exemple. À l'inverse, le type de vers qu'on retrouve dans les prairies ne se prêtent pas à l'élevage.

Selon l'agronome Bernard Estevez, il reste comme possibilités pour augmenter les populations de vers, d'introduire des vers capturés plutôt qu'élevés mais surtout de rendre les conditions plus propices aux vers.

Comme il n'y a pas de méthodes éprouvées, on aura intérêt à faire soi-même des essais sur de petites superficies.

Vers de capture

Dans la plupart des régions, on retrouve de ces petits commerces qui vendent des vers capturés comme appât pour la pêche. Ces endroits sont tout indiqué pour se procurer des vers qui sont susceptibles de persister dans un sol de prairie. On peut obtenir de grosses quantités de vers dans certains commerces comme les Appâts Martine à St-Rémi près de Montréal. Il est important de s'assurer auprès du commercant qu'il s'agit de vers capturés.

Les populations introduites auront avantage a être de plusieurs espèces. On devra introduire de préférence des Lombricus terrestris, ces très gros vers de terre de couleur foncée et au moins une autre espèce de taille moyenne mais de couleur claire.

Pratiquement, on peut déposer les vers au sol en divers endroits et les recouvrir d'un peu de paille pour les protéger du soleil. On peut aussi faire des trous à la bêche et en placer quelques-uns dans chaque trou. La quantité à appliquer est fonction de votre budget et de votre patience!

Conditions propices

Les vers ont deux besoins fondamentaux qui sont d'avoir de la nourriture et de l'humidité. Ainsi, on pourra introduire des vers dans le sol tôt au printemps ou à l'automne en autant que le sol soit humide. Les chances de survie des espèces petites et moyennes seront meilleures au printemps car leurs cycles de vie est court. Quant à Lombricus terrestris, son cycle de vie est si long que le moment d'introduction importe peu.

Les vers de terre se nourrissent de matière organique. Bien que celle-ci ne soit pas manquante dans un sol de prairie, on aura intérêt à apporter du fumier pour stimuler les populations de vers. On devra veiller aussi à chauler si le pH est en-dessous de 6.

En plus de ces deux besoins fondamentaux, les vers sont affectés par plusieurs facteurs. L'un de ceux-là est la structure du sol. Par exemple, un sol argileux sous prairie permanente pourra au cours des années développer une compaction en surface qui sera défavorable aux populations de vers de terre. Le passage d'un instrument d'aération sera alors bénéfique. Le sous-solage n'aura qu'un effet temporaire et l'introduction de vers après un sous-solage ne maintiendra pas le sol décompacté. La culture d'une plante à racines profondes serait alors plus indiqué (luzerne ou raygrass).

Un autre facteur important est le climat. En zone nordique, par exemple, la température moyenne du sol n'est pas favorable au développement des vers et ceux-ci prennent plus de temps à compléter leurs cycles de vie. Un sol lourd se réchauffera plus lentement qu'un sol léger et on peut s'attendre à y retrouver moins de vers de terre.

En conclusion, on peut toujours faire des essais d'introduction de vers de terre dans une prairie permanente sur sol argileux en région froide mais les chances de succès seront plutôt minces.

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