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AGRO-BIO - 370 - 05

CONTRÔLE DES ODEURS DE LISIER DE PORC 

Table des matières

______________________

par Jean Duval, agr., M.Sc.
mars 92

 

LE CONTRÔLE DES ODEURS DE LISIER DE PORC

Les odeurs provenant des lisiers sont le résultat d'une décomposition anaérobique. Les odeurs désagréables peuvent provenir de la porcherie, de l'entreposage du lisier ou de l'épandage au champ. La principale source en est toutefois l'entreposage. En plus des odeurs, l'entreposage anaérobique crée parfois des concentrations de gazs telles que la santé des animaux et des producteurs peut en être affectée.

Le contrôle des odeurs a fait l'objet de nombreuses recherches particulièrement en Europe où certains pays comme les Pays-Bas et la Belgique ont une grande concentration d'élevages porcins. On peut intervenir à plusieurs étapes de la production pour restreindre ou éliminer les odeurs.

 

CONTRÔLE DES ODEURS PROVENANT DE LA PORCHERIE

Filtration

Les odeurs provenant de la porcherie sont transportées principalement par les poussières en suspension. Lorsqu'on filtre l'air pour éliminer les poussières, on peut réduire les odeurs de beaucoup.

Des filtres à air biologiques ("biological air scrubbers") ont été conçu pour être utilisé dans les porcheries par des chercheurs allemands et néerlandais (Van Geelen et Van der Hoek, 1977; Schirz, 1986). Dans ces filtres, l'air vicié de la porcherie doit passer au travers d'un matériau poreux dans lequel circule de l'eau avant d'être évacué à l'extérieur du bâtiment. Le matériau poreux peut être de la tourbe ou un composé synthétique. Les bactéries présentes sur le matériau poreux utilisent les composés malodorants pour leur croissance mais on doit ajouter des nutriments, surtout du phosphore, pour les maintenir en vie. Ces filtres peuvent réduire de 50 à 90% les odeurs en provenance de la porcherie.

Litière

L'utilisation de litière est plutôt rare de nos jours en élevage porcin. La grande quantité de litière nécessaire pour absorber les déjections humides des porcs rend cette méthode coûteuse. En Belgique par exemple, l'engraissement des porcs sur litière accumulée exige 900 g de paille/porc/jour.

La situation change cependant. En effet, il semble y avoir un retour vers l'élevage sur litière grâce au système dit à litière bio-maîtrisée. Dans ce système, les porcs sont élevés sur litière accumulée et un produit contenant des enzymes permet de composter litière et déjections au fur et à mesure de leur accumulation. Ce procédé, développé par les Japonais et de plus en plus populaire en Europe de l'ouest, assure un bon contrôle des odeurs à même la porcherie en plus de simplifier la gestion des fumiers. Une variante du système consiste à ajouter la préparation enzymatique à même la ration, ce qui permet d'utiliser moins de litière.

Alimentation

En raison de leur action sur le système digestif, certains aliments ou additifs alimentaires permettent de réduire la production d'odeurs des lisiers. Des produits comme la bentonite calcique, l'armoise et le charbon ajoutés aux rations réduisent effectivement les odeurs (Ritter, 1989). Des recherches japonaises et canadiennes ont démontré que les rations porcines contenant du topinambour produisaient moins d'odeurs désagréables (Farnworth, 1991). Le topinambour, qui contient des sucres complexes de type fructose, est ajouté au ration sous forme de farine.

Certains additifs, qui sont commercialisés comme aromates, permettent selon leurs promotteurs de réduire les odeurs tout en améliorant la santé de l'animal. Un de ces produits, l'Odor-Abate MD, contient de l'huile essentielle de citron, du varech et quantité d'autres produits qui permettraient une meilleure assimilation des aliments, une digestion plus complète. Dans le même ordre d'idée, selon des recherches italiennes citées dans Nature et Progrès (Radice, 1992), les huiles essentielles de thym et d'aneth odorant sont parmis les meilleures à ajouter aux rations des porcs pour accroître la digestibilité de l'amidon et l'absorption des protéines et réduire le niveau d'azote ammoniaqué.

Désodorisation de l'air

Il existe des produits synthétiques à vaporiser dans l'air de la porcherie ou à sa sortie pour masquer les odeurs. Ces produits ne font que réduire l'intensité des odeurs.

Une alternative naturelle consisterait à diffuser des huiles essentielles au moyen d'un nébulisateur. Incidemment, certaines huiles essentielles comme le thym et le citron peuvent avoir un effet bénéfique sur la santé animale en assainissant l'air.

La diffusion d'ozone dans l'air de la porcherie a été envisagée en Belgique (Priem, 1977). L'ozone est un puissant oxidant qui élimine les odeurs. Le procédé exige toutefois un suivi précis des niveaux d'ozone, sans quoi il y aurait danger pour la santé des animaux.

CONTROLE DES ODEURS PROVENANT DE LA FOSSE

Prévention

Il est possible de prévenir dans une certaine mesure les odeurs extrêmes en provenance des fosses par l'apport régulier de petites quantités de lisiers plutôt que des décharges fortes et irrégulières.

Traitements biologiques

Aération

L'aération semble la méthode la plus logique de contrôler les odeurs car elle permet d'éviter la décomposition anaérobique génératrice d'odeurs. Il s'agit donc d'un traitement biologique. En pratique, l'aération est rarement utilisée parce qu'elle est fort coûteuse. La méthode exige l'apport presque constant d'oxygène et le brassage à l'aide d'un aérateur flottant ou de surface. S'il y a un problème mécanique ou une panne de courant, les odeurs générées lors du redémarrage peuvent être aussi intenses que s'il n'y avait pas d'aération.

Il existe deux méthodes principales d'aération. L'aération à même la fosse d'entreposage et la stabilisation avant entreposage. Dans la deuxième méthode, il y a deux bassins, un pour l'aération et un autre plus grand pour l'entreposage. Cette méthode a l'avantage de diminuer les besoins énergétiques car un plus petit volume de lisier est traité. Le lisier séjourne environ 30 jours dans le bassin d'aération avant d'être entreposé dans l'autre bassin. Ce procédé est appelé Sterksel au Pays-Bas et Licom en France où Alfa-Laval commercialise le système. La fermentation doit être mésophile ou thermophile sans quoi les mauvaises odeurs seront générées après quelques jours d'entreposage. Vasseur (1977) évalue à 0.1 kWh/porc/jour les besoins énergétiques du procédé Licom.

Plusieurs techniques permettent de minimiser les coûts reliés à l'aération en fosse d'entreposage.

Type d'aérateur: Les aérateurs pivotant autour d'un axe au centre de la fosse sont les plus efficaces et les moins coûteux en énergie, consommant jusqu'au tiers des besoins d'un aérateur central à haute vitesse (Vasseur, 1977).

Profondeur d'aération: Ginnivan (1983) a démontré que l'aération des huit premiers centimètres de la fosse est aussi efficace à réduire les odeurs que l'aération jusqu'à 40 cm de profondeur. Il évalue donc qu'un aérateur conventionnel transférant 1.5 kg d'O2/kWh peut aérer une surface de 960 m2.

Période d'aération: Plusieurs horaires de fonctionnement d'aérateur ont été testé par Lefevre (1977) en France où le coût de l'électricité varie en fonction du moment de la journée. Il recommande un fonctionnement continu pendant la nuit et un fonctionnement de 60% pendant le jour. Plus rigoureusement, Van der Hoek (1977) a développé un système de contrôle de l'aérateur sensible au changement du potentiel d'oxido-réduction (P.O.R). Lorsque qu'une nouvelle charge de lisier frais arrive dans la fosse, le P.O.R. décroît immédiatement. Pour qu'il n'y ait pas d'odeurs produites, le P.O.R. doit être supérieur à -300 mV. Le système de contrôle permet de réduire l'utilisation de l'aérateur entre deux décharges de lisiers frais.

Filtration: La filtration du lisier pour en réduire le contenu en solides permet une diminution de la DBO (demande biochimique en oxygène) et du volume de lisier à traiter. L'aérateur peut plus facilement fonctionner et les coûts énergétiques sont réduits de 25% en moyenne (Vasseur, 1977). L'installation d'un filtre à solides est indiqué particulièrement dans le cas de lisier pailleux, mais n'est économiquement envisageable que pour une porcherie de 1000 porcs et plus.

Il existe une autre méthode d'aération beaucoup moins connue. Il s'agit des filtres biologiques. Cette méthode permet de diminuer les coûts d'aération. Dans ce système, le lisier est pompé de la fosse vers une tour remplie de briques, de branches ou autres matériaux poreux avant de retourner à la fosse. Le lisier tombe en gouttelettes pour être mis en contact avec l'air et les microorganismes présents sur le matériel poreux. L'utilisation d'un filtre biologique exige quand même la séparation des liquides et des solides et un mécanisme de brassage dans la fosse.

Désodorisation biologique anaérobique

Cette méthode consiste à ajouter des produits qui contiennent des bactéries et/ou des enzymes qui éliminent les odeurs par une digestion biochimique. Ce sont des produits très présents sur le marché en raison du marketing agressif de certaines compagnies. Le nombre de compagnies proposant de tels produits a augmenté dans les dernières années (une trentaine de compagnies aux USA!).

Les résultats sont limités et inconstants avec cette méthode.

Selon plusieurs études, les produits n'ont pas d'impact important sur les odeurs. Cole et al. (1975) ont trouvé que les désodorisants biologiques ne réduisent pas les odeurs, l'ammoniaque et les sulphides. Warburton et al. (1979) ont testé 17 produits sur le lisier et n'ont pas observé de contrôle des odeurs ou de réduction des solides dans le lisier avec l'usage de ces produits. Un panel, au cours d'expériences réalisées à Agriculture Canada, station de Lennoxville, n'a pas non plus observé de différences avec ou sans l'ajout de désodorisants biologiques (Barnett, 1992).

D'autres études révèlent quand même un effet provenant de l'utilisation de tels produits. En Alberta, Yu et al. (1991) ont constaté un acroissement de la concentration d'acides organiques dans la partie liquide du lisier et donc de l'activité biologique avec l'ajout de Bio-Gest MD ou de Nature-Aid MD. Ces produits ont effectivement réduit les niveaux d'ammoniaque dans leur expérience.

Plusieurs raisons peuvent expliquer que les désodorisants biologiques fonctionnent dans certains cas et pas dans d'autres:

  • - Certains produits peuvent n'éliminer qu'un ou quelques composés malodorants. S'il ne s'agit pas des principaux composés présents, le produit ne fonctionnera pas;
  • - La clé de l'utilisation de bactéries dans le contrôle des odeurs est que la bactérie ajoutée doit devenir prédominante. En plusieurs cas, la bactérie ajoutée meurt en raison de la compétition.
  • - Pour que l'augmentation bactérienne fonctionne, il a été observé que plus le réservoir est petit, plus il faut de produit proportionnellement. Comme certains tests en laboratoire sont réalisés à petite échelle, on observe parfois qu'un produit ne fonctionne pas en laboratoire alors qu'il fonctionne dans un contexte de production.
  • Méthanisation

    La production de méthane à partir de lisier dans un digesteur anaérobique limite la production d'odeurs de la même façon qu'une couverture de fosse, soit en enfermant les odeurs. La production d'énergie utilisable à la ferme est un atout de ce système. A l'épandage, les résidus de digesteur dégagent toutefois autant d'odeurs que le lisier frais.

    La méthanisation génère moins de combustibles dans le cas de fumiers pauvres en matériaux carbonés comme le lisier de porc. Ce n'est donc pas la meilleure méthode pour ce qui est de ce matériau.

    Traitements chimiques

    Huiles aromatiques

    Les camoufleurs d'odeurs sont des huiles aromatiques à odeurs fortes qui masquent l'odeur du lisier. Les annulateurs d'odeurs sont des huiles aromatiques qui neutralisent ou éliminent les odeurs. En pratique, les camoufleurs ne font que réduire l'intensité de l'odeur.

    Ces produits sont coûteux surtout employés par les industries du textile et de la pétrochimie ainsi que par les tanneries. Les huiles aromatiques sont des composés organiques et sont donc éventuellement décomposés par les bactéries dans la fosse, d'où la nécessité d'ajout fréquent.

    Désodorisants chimiques

    Les désodorisants chimiques consistent en de puissants agents d'oxidation qui oxident les composés malodorants ou en des germicides qui modifient ou éliminent l'action des bactéries responsables des mauvaises odeurs. On peut imaginer que, dans le cas des germicides, l'épandage d'un lisier dans lequel on a éliminé l'activité biologique ne facilitera pas son intégration au sol.

    L'agent d'oxidation le plus courant est le péroxyde. La dose la plus économique de péroxyde à utiliser est de 100 à 125 ppm (Ritter, 1989). Le peroxyde à plus de 8% est corrosif.

    D'autres produits utilisés sont le permanganate de potassium à des doses de 100 à 500 ppm ainsi que l'ozone, la formaldéhyde et la paraformaldéhyde.

    Modificateurs de pH

    Le but des modificateurs de pH est de créer des conditions défavorables à l'activité de certains microorganismes et donc de limiter la production de certains composés malodorants. Deux stratégies sont possibles, soit l'augmentation du pH ou sa diminution. Au Québec, Al-Kanani et al. (1992) ont étudié l'ajout de chaux (CaCO3) et l'ajout d'acidifiants tels que l'acide sulfurique et l'acide phosphorique au lisier de porc en entreposage anaérobie. L'ajout de chaux à 2% (m/v) a été plus efficace que l'ajout d'acidifiants pour réduire les odeurs. Toutefois, l'inconvénient majeur de la chaux est l'importante perte d'azote sous forme d'ammoniaque qu'elle entraîne inévitablement.

    Traitements physiques

    Couverture de la fosse

    Le principe de la couverture de la fosse est d'empêcher la diffusion des odeurs dans l'atmosphère. Dans le cas des fumiers de bovins, une croûte se forme naturellement en surface de la fosse et agit à la façon d'une couverture. Pour le lisier de porc, la croûte se forme parfois après un certain temps mais on ne peut compter sur sa formation.

    Mannebeck (1986) considère deux techniques de couverture de la fosse: l'utilisation d'une barrière flottante et l'installation d'une structure de recouvrement.

    Les barrières flottantes sont faites soit de toiles plastiques ou de divers matériaux placés en surface. Les toiles plastiques peuvent être perméables de façon à laisser les eaux de pluies passer ou imperméables, enquel cas elles doivent être fortement arrimés au bords de la fosse et pouvoir toucher au fond de la fosse lorsque celle-ci est vide de façon à supporter le poids des précipitations qui s'accumulent.

    Plusieurs matériaux naturels ont été expérimentés comme barrière de surface. Ces matériaux agissent aussi parfois comme absorbant des odeurs.

    Farrer (1992), conclue de recherches réalisées en Saskatchewan, que la paille contrôle les odeurs plus longtemps qu'une couverture de copeaux de bois ou de mousse de tourbe, ces deux derniers matériaux ayant plus tendance à s'enfoncer dans le lisier. Mannebeck (1986) conseille de placer une couche de morceaux de polystyrène ou autre matériau semblable sous une couche de paille pour aider au flottage.

    Au Québec, Al-Kanani et al. (1992) ont utilisé la tourbe comme absorbant pour le lisier de porc. La tourbe absorbe l'ammoniaque et l'hydrogène sulfuré. La quantité nécessaire pour réduire de facon significative les odeurs étaient de 4% de mousse de sphaigne sur une base volumique. D'autres absorbants utilisés sont la paille de riz et la sciure de bois.

    Meyer et Converse (1982) ont constaté que l'ajout d'huile à moteur usée en faible quantité permettait d'améliorer l'efficacité de différents matériaux à flotter et prévenir les odeurs. Les quatre combinaisons les plus efficaces de leur recherche, sur une base de matière sèche, étaient: 8.41 kg d'épi de maïs/m2 + 0.60 kg d'huile usée/kg d'épi de maïs; 6.53 kg de décorticats de riz + 0.78 kg d'huile usée/kg de décorticats; 3.17 kg de tige de maïs/m2 + 1.13 kg d'huile usée/kg de tige de maïs; et 1.34 kg de déchets de tonte de pelouse/m2 + 3.72 kg/kg de gazon. Il s'agit dans tous les cas de matériaux de couverture efficaces et peu coûteux. Ces produits filtrent les odeurs en plus d'agir comme barrière physique.

    Il est important de retenir que tous les matériaux utilisés comme barrière peuvent être problématiques lors du brassage avant l'épandage.

    Certaines techniques utilisées dans d'autres situations pourraient être essayées. Par exemple, un producteur laitier biologique de l'Ontario, Lawrence Andrès, lance des grains d'orge en surface de sa fosse à fumier liquide. Les grains germent et après quelques temps les plantes forment un écran végétal qui limite considérablement les odeurs. Dans le même ordre d'idée, on peut tenter l'utilisation de certaines plantes aquatiques comme couverture. Les lentilles d'eau (Lemna) sont d'ailleurs déjà utilisées comme couverture efficace dans les systèmes aquatiques d'épuration d'eaux usées.

    La couverture de la fosse par un toit fixe combinée avec un filtre à air biologique (voir page 2) est une solution adoptée dans certaines installations européennes. Grâce à des conduits, il est aussi possible de relier le système de ventilation de la porcherie et le bâtiment abritant la fosse pour traiter l'air avec le même filtre à air biologique (Hawkins, 1977). Les structures couvrantes permanentes peuvent coûter jusqu'à 50% du coût de la fosse, ce qui en font des solutions coûteuses.

    On peut recouvrir les fosses de moins de 12 mètres de diamètre de façon plus économique en arrimant une toile aux bords de la fosse et en maintenant cette dernière au-dessus de la fosse grâce à un poteau au centre de la fosse. Le poteau est maintenu à la verticale par des câbles d'acier.

    Séchage

    Les techniques de séchage du fumier n'ont été développé que pour le fumier de poulet. Dans ce cas, il est facile de sécher le fumier directement sous les cages. Pour le lisier de porc, la déshydratation serait excessivement coûteuse.

    Traitement électro-chimique

    L'oligolyse est un procédé électrolytique où deux électrodes de fer sont placés dans le lisier à 30 cm de distance l'une de l'autre dans un bioréacteur. Un courant continue de 12 V et 0.5 Amp est appliqué. Des bactéries réductrices de sulfates et les réactions électro-chimiques se chargent de prévenir la formation de composés malodorants contenant du soufre.

    Selon Yu et al. (1991), l'oligolyse permet de réduire le sulfure d'hydrogène de 94.9% dans le phase gazeuse d'un lisier de porc en entreposage anaérobique. Bien qu'il y a réduction des odeurs, les composés malodorants contenant d'autres éléments que le soufre sont toujours présents.

    Comparaison des méthodes de traitement

    Comparaison d'efficacité

    Les données à ce sujet sont limitées. Les chercheurs procèdent soit par des panels qui ont à décider si les traitements réduisent ou non la force et la présence des odeurs, soit par analyse quantitative des gazs produits.

    Dans une étude comparant 38 produits de traitements chimiques et biologiques, Burnett et Dondero (1970) ont conclu que les produits les plus efficaces étaient les camoufleurs d'odeurs et les annulateurs d'odeurs. Les désodorisants chimiques suivaient et finalement les désodorisants biologiques. Yu et al. (1991) considère que l'oligolyse est moins efficace que les désodorisants biologiques pour ce qui est du contrôle de l'ammoniaque. Al-Kanani et al. (1992) ont obtenu une plus grande réduction de la force et de la présence des odeurs avec l'ajout de 2% de chaux qu'avec de 4 ou 8% de mousse de sphaigne. La réduction de la force des odeurs avec la chaux n'était toutefois que de 42%. La couverture de la fosse permet une réduction importante des odeurs émises. Selon Mannebeck (1986), les recouvrements imperméables sont supérieurs à tout matériaux flottants en surface du lisier et permettent plus de 85% de réduction des odeurs.

    Comparaison économique

    Les évaluations économiques sont le plus souvent en provenance des pays européens et datent quelque peu. Le contexte étant différent dans ces pays en terme de contraintes énergétiques et autres, on s'en tiendra à des remarques générales plutôt que de tenter d'apporter des chiffres précis. On peut toutefois faire exception de l'étude d'Al-Kanani et al. (1992) réalisée au Québec. L'évaluation économique des traitements les plus efficaces identifiés dans cette étude révèle que l'ajout de 2% de chaux, bien que moins efficace que l'aération en terme de réduction d'odeurs, coûte près de trois fois moins cher que l'aération, qui elle est évaluée à 8.12 $/porc/année.

    Généralement, on note que les coûts des différentes méthodes de traitement diminuent avec un accroissement des volumes à traiter et avec une diminution des temps de rétention en fosses (Warner et al., 1990).

    Ritter (1989) rapporte que l'aération, bien que coûteuse, est quand même plus économique que l'emploi de désodorisants chimiques.

    CONTROLE DES ODEURS PROVENANT DE LA VALORISATION

    Prévention

    Afin de prévenir dans une certaine mesure les odeurs, il est important de vider la fosse lorsque les vents soufflent en direction opposée d'habitations avoisinantes.

    Épandage

    L'étude de Warner et al. (1990) démontre que l'injection dans le sol de lisier non-traité est la méthode d'épandage qui assure le meilleur contrôle des odeurs au moindre coût. L'injection permet de plus une excellente conservation de l'azote et limite l'écoulement en surface. L'injection présente cependant quelques problèmes tels que le plus grand temps requis et la plus grande force de machinerie requise. Certains sols rocheux ne se prêtent pas aisément à l'injection.

    L'épandage à ras de sol au moyen de citerne et tuyaux est à peine plus coûteux que l'épandage conventionnel mais n'assure pas un contrôle complet des odeurs.

    La surface d'épandage nécessaire pour un lisier aéré est moindre car le procédé fait disparaître de 50 à 70% de l'azote et du carbone (Vasseur, 1977). L'irrigation au jet est une autre solution envisageable particulièrement dans le cas des lisiers aérés.

    Compostage

    Le compostage peut être une solution attrayante dans le cas où l'épandage est problématique, qu'il y a une source proche de matériaux riches en carbone et qu'il y a un marché pour le compost. Le compostage réalisé dans de bonnes conditions est un procédé de fermentation qui génère peu d'odeurs désagréables.

    Une des techniques possibles est la pulvérisation du lisier sur les matériaux carbonés qui absorbent alors le lisier.

    CONCLUSION

    Une multitude de méthodes sont disponibles pour réduire les odeurs en provenance des élevages porcins. La solution à privilégier dépendra avant tout des ressources matérielles et économiques disponibles. Un système de recouvrement de la fosse avec des matériaux naturels semble une solution écologique et peu coûteuse. Dans une perspective de développement durable, le retour à des élevages sur litière est probablement la solution la plus sensée, tout en étant rentable au point de vue de la santé animale.

    Bibliographie

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