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AGRO-BIO - 320 - 07

LA CHRYSOMÈLE RAYÉE DU CONCOMBRE

_________________________

par Jean Duval, agr., M.Sc.
septembre 1992, mise-à-jour mars 1994

LA CHRYSOMÈLE RAYÉE DU CONCOMBRE

GÉNÉRALITÉS

La chrysomèle rayée du concombre (CRC) est le principal insecte ravageur des cucurbitacées à l'est des Rocheuses. Indigène à l'Amérique, la CRC fait partie d'une sous-famille qui compte plusieurs autres membres d'importance économique tels que la chrysomèle maculée du concombre (Diabrotica undecimpunctata) et la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica barberi).

Description

Au stade adulte, la CRC mesure environ 5 mm de longueur, possède une tête noire et un corps jaune ou orange rayé de trois bandes noires. Son oeuf oval, jaune ou orange également, est long de 0.6 mm avec un diamètre de 0.4 mm. La larve de 8 à 12 mm de longueur est reconnaissable à sa tête brune et son corps d'abord jaune puis tournant au blanc alors qu'elle vieillit. La pupe est blanche et mesure 10 mm.

Plantes attaquées

Parmis les plantes attaquées par la CRC, on compte d'abord les cucurbitacées. Si au stade de jeunes plants les différentes espèces de cucurbitacées sont toutes aussi susceptible d'être attaquées, il en est autrement plus tard. Howe et al. (1972) ont observé que les espèces suivantes sont attaquées par ordre de préférence décroissante:

  • - Courge (Cucurbita maxima)
  • - Concombre (Cucumis sativus)
  • - Courge (Cucurbita pepo)
  • - Citrouille (Cucurbita moschata)
  • - Melon d'eau (Citrullus vulgaris)
  • - Cantaloupe (Cucumis melo)
  • - Calebasse (Lagenaria siceraria)
  • La CRC est attirée par l'odeur des cucurbitacées, plus précisément par leurs composés amers appelés cucurbitacines. Les cucurbitacines agissent comme stimulant alimentaire et frein locomoteur dans le cas de la CRC. Da Costa et Jones (1971a) ont établi que seulement les cucurbitacines A et B attirent la CRC alors que les cucurbitacines C, D et E peuvent attirer des espèces parentes comme la chrysomèle maculée du concombre. Quand la CRC n'a pas accès à des cucurbitacées cultivées, elle se contente parfois de cucurbitacées sauvages tel que le concombre sauvage (Echinocystis lobata). D'autres plantes peuvent cependant l'attirer tout autant que les cucurbitacées bien que les plantes de cette famille soient essentielles à la réalisation de son cycle de vie complet.

    Au printemps, au sortir de l'hibernation, alors qu'il n'y a pas de cucurbitacées à sa disposition, on retrouve la CRC se nourrissant des fleurs d'aubépine, de prunier sauvage, d'amélanchier, d'autres rosacées sauvages ainsi que de pommier et d'orme. Aussitôt qu'elle perçoit l'odeur des cucurbitacées, la CRC quittent ses hôtes sauvages pour se diriger vers celles-ci.

    Pendant la saison, on peut parfois voir la CRC quitter des plants de cucurbitacées pour s'attaquer aux fleurs de certaines légumineuses, surtout le soya, les fèves et les pois. Les soies de maïs fraîches l'attirent également (Isely, 1927).

    En fin de saison, quand il n'y a plus de cucurbitacées en croissance, la CRC s'attaque aux composées, particulièrement la verge-d'or et les asters sauvages. Les dahlias et les tournesols l'attirent également.

    Le pissenlit, l'ortie et l'herbe-à-poux géante peuvent être attaquées à l'occasion mais seulement si l'insecte ne peut trouver ses plantes préférées.

    Dommages

    Les dommages faits aux cucurbitacées par la CRC sont de trois types:

  • - Les adultes mangent les feuilles, les tiges, les fleurs et les fruits;
  • - Les larves attaquent les racines et la tige.
  • - Les larves et les adultes servent de vecteurs à certaines maladies;
  • Dommages par l'adulte

    La CRC adulte s'attaque au feuillage des jeunes plants dès leur apparition au champ. La tige est aussi dévorée, parfois presque entièrement, au niveau du sol. La nourriture préférée de l'adulte est toutefois la fleur. Les fruits peuvent aussi être attaqués, surtout quand le feuillage vieillit et devient moins attrayant. Dans ce cas, il s'agit rarement des beaux fruits, mais plutôt de fruits trop murs ou devenus mous et odorants en raison de maladie, de blessures ou de gels. Les dommages aux fruits sont souvent superficiels et n'affectent alors que leur apparence.

    L'attaque de l'insecte est habituellement intense dès son apparition. Les dommages aux plants affectent leur vigueur et leur fructification en raison des dommages aux fleurs et aux feuilles.

    Dommages par la larve

    Les dommages occasionnés par les larves consistent surtout en dommage aux racines. Elles dévorent entièrement les plus petites et transpercent les plus grosses. Sur les très jeunes plants, la larve peut pénétrer la tige et y grimper par l'intérieur. En sol humide, les larves attaquent parfois les fruits et même les feuilles qui sont en contact avec le sol.

    Les dommages occasionnés par les larves en zone nordique sont en général néligeables en rapport à ceux provoqués par l'adulte.

    Transmission de maladies

    La CRC adulte est l'agent principal d'hivernement et de dissémination de la flétrissure bactérienne (Erwinia tracheiphila). L'insecte transmet la maladie de plant en plant et de saison en saison. En fait, la maladie ne survit pas sur les débris de plantes d'une saison à l'autre et dépend donc de la CRC.

    La maladie entre les plants par les blessures infligées aux plants. Comme l'insecte se nourrit de préférence sur les plants malades, la CRC peut propager la maladie très rapidement dans un champ.

    Il est important de considérer la susceptibilité des espèces et des variétés à la flétrissure bactérienne. La susceptibilité par espèce est en ordre décroissant: concombre, cantaloupe, courge, citrouille et melon d'eau.

    L'adulte CRC sert également de vecteur à la mosaïque du concombre et de la courge (Slack et Fulton, 1971). La larve de la CRC peut quant à elle servir de vecteur à la flétrissure fusarienne (Fusarium oxysporum f.sp. melonis) selon Latin et Reed (1985).

    Cycle de vie

    Bien que le cycle de vie précis de l'insecte au Québec n'ait pas à notre connaissance fait l'objet de recherches, l'expérience des praticiens et les données provenant des états du New Hampshire et du New York donnent de bonnes indications à ce propos.

    Hibernation et éveil

    La CRC hiberne au stade d'adulte. Les sites habituels d'hibernation se situent sous les plants et débris de culture, sous terre ou dans la litière des boisés et des haies. La fin de l'hibernation correspond à la hausse des températures au printemps. Le moment de l'éveil est variable selon l'épaisseur du gîte qui peut retarder le réchauffement. Ainsi, l'apparition des adultes au printemps s'étale sur environ une semaine ou plus.

    Les premiers lieux d'observation d'adultes actifs sont en général les bords de boisés où l'on trouve des rosacées sauvages, sources de nourriture printannière. Même sans source de nourriture, les CRC peuvent survivre 4 jours sans manger au printemps (Houser et Balduf, 1925). La CRC se contente d'hôtes sauvages tant que l'odeur des cucurbitacées ne lui parvient pas. Elle peut y rester jusqu'à 20 jours avant de migrer vers des cultures de cucurbitacées. Dans le New Hampshire, la CRC apparaît sur les hôtes sauvages à la fin-mai début-juin tandis que dans l'état de New York c'est plutôt de la fin d'avril à la mi-mai selon la latitude où l'on se trouve. Par conséquent, on peut considérer que la CRC sort d'hibernation vers la mi-mai dans le sud du Québec et un peu plus tard plus au nord.

    L'apparition des adultes dans les champs de cucurbitacées correspond généralement au moment de la transplantation des plants ou l'émergence des plantules. Au Québec, cela correspond donc à la période du début à la mi-juin. Dans le cas des cultures en serre, en tunnels ou en couches froides, la CRC pourra y apparaître dès son éveil si les températures sont clémentes pour le vol. Les capacités de vol de la CRC sont d'environ 800 m en cinq jours.

    Accouplement et ponte

    L'accouplement peut avoir lieu aussi tôt que cinq à huit jours après l'éveil. Le plus souvent dans le sud du Québec, il commence vers la St-Jean-Baptiste. La ponte a lieu vers le début de juillet et se poursuit jusqu'au début d'août. Les sites préférés de ponte sont situés sous les plants dans un rayon de 12 à 15 cm, préférablement dans les crevasses de sol humide. Chaque femelle pond 32 oeufs en moyenne, rarement plus de 60.

    Stade larvaire et pupaire

    L'incubation dure de 7 à 9 jours selon la température. La larve passe par plusieurs stages et complète son développement en 28 jours en moyenne (2 à 6 semaines). Dans des conditions sèches, la larve meurt rapidement. Son besoin en humidité est aussi important que son besoin en nourriture.

    Le stade de pupe dure environ 14 jours. Il s'écoule donc approximativement 56 jours de l'oeuf à l'adulte. La deuxième génération d'adulte commence à émerger vers la fin d'août, soit environ au même moment où les derniers spécimens de la première génération meurent.

    Comportement

    Distribution

    La CRC est un insecte à tendance grégaire. Les adultes vont souvent se regrouper sur un plant déjà endommagé. En fait, l'insecte envahit rarement un champ au complet. Il apparaît d'abord aux endroits où il y avait des cucurbitacées l'année précédente. Puis, il apparaît aussi souvent du côté du vent dominant et envahit le champ en cette direction. C'est l'odeur des cucurbitacées apportée par le vent qui le guide.

    Période d'activité

    La CRC est active surtout la nuit mais elle fait également ses dommages tôt le matin par temps frais. Pendant le jour, les adultes se tiennent sous les feuilles pour se protéger du soleil.

    L'apparition en masse des adultes au champ est souvent très soudaine. Typiquement, elle se fait après une pluie par temps chaud.

    Humidité

    L'humidité du sol est le facteur le plus important qui affecte l'abondance de la CRC. Ainsi, les populations de l'insecte seront plus grandes en année humide qu'en année chaude et sèche. Dans le même ordre d'idée, les dommages seront moins prononcés en sol léger qu'en sol lourd.

    La ponte est plus abondante en sol humide car ce milieu est plus favorable au développement des oeufs et des larves. La sécheresse a différent effets sur la CRC selon le moment où elle se produit. L'effet d'un printemps sec est de réduire la ponte. L'effet d'un été sec est de réduire le nombre d'adultes qui hiberneront.

    Température

    À 10-13C, les adultes ne font que marcher. Ils commencent à voler lorsque les températures atteignent 18-20C, mais la température idéale de vol est 27C. À 29C, ils préfèrent marcher plutôt que voler. Les adultes ne volent pas par vents forts.

    MOYENS DE LUTTE

    Piégeage et dépistage

    Pièges olfactifs

    Le meilleur appât pour la CRC est l'odeur des fleurs de cucurbitacées. Lewis et al. (1990) ont mis au point une kaïromone synthétique qui imite l'odeur de ces fleurs. Le produit appelé TIC (non-commercialisé à notre connaissance à ce jour) contient trois composés: l'indole, le trans-cinnamaldéhyde et le 1,2,4 triméthoxybenzène. Les mêmes chercheurs ont obtenu des résultats prometteurs dans le contrôle de l'insecte en utilisant cet appât avec des pièges collants. L'indole seul est également efficace mais moins que le TIC.

    Un autre type d'appât consiste à obtenir des cucurbitacées très amer telles que des concombres de variété Marketer ou des courges de variété Calabazilla ou Hubbard. On coupe ces fruits en tranches et on les fait sécher à l'air. On les mets ensuite en poudre. On mélange alors la poudre obtenue à un insecticide en poudre. Cet appât est disposé dans des pièges placés aux endroits jugés critiques. Les pièges peuvent consister par exemple de petites bouteilles de verre brun recouverte d'un grillage percé de quelques trous.

    Pièges visuels

    Lorsqu'on s'approche d'eux, les CRC ont tendance à s'envoler. Comme elles sont aussi attirés par le blanc, on peut les piéger à l'aide d'un seau blanc à l'extérieur duquel on aura entouré une bande de film plastique (Saran Wrap). Sur ce film, on dispose ensuite une couche de glu (Tangle Trap). On circule alors dans la culture de cucurbitacées en dérangeant les CRC. Quand la bande est pleine, on la remplace simplement par une autre.

    Seuils de tolérance

    Peu de données existent concernant les seuils de tolérance. Brewer et al. (1987) ont établi qu'à un niveau d'infestation de 10 adultes par plant de courge pour deux semaines au stade des premières vraies feuilles, la mortalité des plants était la première cause de perte de rendement. Les plants qui survivaient à cette première infestation produisaient moins que d'autres plants attaqués au stade des 3e feuilles. Les jeunes plants attaqués au stade des 2e ou 3e vraies feuilles pouvaient habituellement compenser le retard de croissance avant la production de fruit.

    Comme l'insecte peut transmettre des maladies et qu'il s'attaque à toutes les parties de la plante au-dessus du sol et dans le sol, le seuil de tolérance de l'insecte est très bas.

    Moyens de lutte culturaux

    Semis

    Comme mesure temporaire, il est possible de planter plus de graines que nécessaires si la culture n'est pas transplantée mais semée. Selon Quisumbing et Lower (1978), le taux de semis a un effet incertain sur les populations de CRC. Ils recommandent de semer 15 graines par butte pour les expériences comparant la résistance des variétés de cucurbitacées.

    Le retard des semis pour des variétés très susceptibles à la CRC est une mesure qui peut être efficace si les semis sont vraiment tardifs, de façon à affamer les adultes. C'est cependant une mesure qui ne fonctionnera qu'à condition qu'il n'y ait pas de sources alternatives de nourriture à proximité. De plus, la mesure risque d'être d'application limitée en raison de nos courtes saisons et des exigences du marché.

    Polyculture

    Bach (1980) a démontré que le fait de cultiver le concombre en polyculture avec du maïs et du broccoli réduisait les populations de CRC de 10 à 30 fois par rapport à une monoculture de concombre. Il semble que la polyculture avec ces deux espèces nuit aux déplacements de l'insecte mais ne change rien à la colonisation des plants, la reproduction ou la prédation de l'insecte. La densité des plants n'affecte pas le nombre de CRC que ce soit en monoculture ou polyculture.

    Dans d'autres expériences, Bach (1981) a comparé l'effet sur la CRC de la croissance verticale et horizontale du concombre en monoculture ou en polyculture avec une seule autre espèce soit avec la tomate ou le maïs. Les résultats indiquent que:

  • - Il y a plus de CRC sur les plants de concombre poussant verticalement qu'horizontalement;
  • - Il y a autant de CRC dans la monoculture de concombre horizontal que dans la polyculture concombre/maïs ou concombre/tomate;
  • - La CRC est plus attirée par le feuillage provenant de concombres de monoculture que par celui de concombres croissant avec la tomate, et ce, même si le test de préférence est réalisé en-dehors du champ.
  • Rotation

    La rotation des cultures ne peut pas contrôler complètement la CRC étant donné la capacité de l'insecte de voler. Toutefois on pourra choisir l'endroit le plus propice aux espèces et variétés susceptibles en considérant l'endroit où il y avait des cucurbitacées l'année précédente et les vents dominants. Pour la culture en serre, on aura intérêt à effectuer une rotation de la culture de cucurbitacées d'une serre à l'autre.

    Plants-pièges

    On peut recourir à la technique des plants-pièges contre la CRC. Les plants-pièges seront dans ce cas des plants de cucurbitacées qui seront plus attirants que la culture principale et qui seuls recevront les traitements insecticides. Trois stratégies sont alors possibles:

    1. Planter quelques plants hâtivement avant la transplantation complète du champ. En attendant plus d'une semaine avant la transplantation on pourra enrayer une bonne partie de la population adulte sortie d'hibernation. Cette technique peut aussi servir à évaluer les niveaux de population;

    2. Planter au même moment des plants jeunes à côté de plants plus avancés. Les CRC vont attaquer les jeunes plants et laisser les plus vieux prendre de l'avance et de la vigueur. Dans le même ordre d'idée, on peut planter des graines à la transplantation et répéter 7 à 10 jours plus tard de façon à ce qu'il y ait toujours des jeunes plants pour servir de pièges. Cette stratégie ne sera bonne toutefois que jusqu'à ce que la culture principale produise des fleurs. À ce moment, les CRC délaisseront les jeunes plants pour attaquer les fleurs;

    3. Planter une espèce ou une variété plus attirante pour la CRC que la culture principale. Cette stratégie est peu utile lorsque les plants sont jeunes mais peut s'avérer efficace plus tard. Une variété de courge comme les "Hubbard", qui possède de larges fleurs, sera particulièrement attirante.

    Contrôle de l'humidité

    Comme la CRC pond plus et se développe mieux en sols humides, on aura intérêt à tenter de contrôler l'hygrométrie du sol. Quelques suggestions à ce propos seraient de planter sur butte plutôt qu'à plat de façon à ce que le sol près des plants se draine rapidement et de recourir à l'arrosage goutte-à-goutte de façon à limiter la surface de sol humide favorable à la ponte.

    Résistance

    Le développement de cultivars résistants à la CRC se poursuit dans le sens de développer des cucurbitacées sans les cucurbitacines A et B qui attirent la CRC. Le tableau suivant donne les cultivars de courge résistants et susceptibles à la CRC. Il n'y a pas à notre connaissance de listes semblables pour les autres espèces de cucurbitacées.

    Tableau 1 - Susceptibilité de cultivars de courge à la CRC

    Cultivars résistants Cultivars susceptibles
       
    Early prolific straightneck Black Zucchini
    U Conn Cozini
    Lon Cocozelle Caserta
    White Bush Scallop Black Beauty
    Benning's green tint scallop  
    Early Yellow Summer Crookneck  
    Cozella hybrid  
    Marine Black Zucchini  
    Butternut 23  
    Short Cocozelle  
    Summer Crookneck  
    Zucchini  
    Royal acorn  
    Early Golden Bush Scallop  

    Source: Yepsen (1984)

    Moyens de lutte physiques

    Un mulch épais est supposé décourager la ponte. Les mulchs plastiques n'ont cependant pas d'effet sur les populations.

    Les géotextiles posés dès la transplantation doivent être maintenus au moins jusqu'à ce que les plants produisent des stolons. Au début du siècle, les maraîchers utilisaient parfois des cônes fabriqués à partir de grillage métallique très fin pour protéger les plants. De tels cônes avaient l'avantage de pouvoir être réutilisés année après année. Pour fabriquer les cônes de grillage, on prend un cercle de grillage d'un mètre de diamètre qu'on coupe en deux, ce qui permet de produire deux cônes.

    Moyens de lutte biologiques

    Prédateurs

    Les prédateurs les plus importants des larves sont les fourmis et les carabes. Pour les adultes, il s'agit surtout des carabes.

    Certains oiseaux peuvent également manger une grande quantité d'adultes. Parmis ceux-ci on compte la grive, l'engoulevent, les gobe-mouches, les gros becs, le carouge à épaulette, l'étourneau, le rouge-gorge et le roitelet. Dans un jardin, une façon simple d'encourager les oiseaux à venir manger les chrysomèles est de répandre des graines pour oiseaux autour des plants à protéger. Les oiseaux viendront pour les graines et mangeront les CRC du même coup.

    Parasites

    Selon Headlee (1908), le parasitisme des tachinides commence en juin au New Hampshire, atteint 50% des adultes en mi-août et redevient nul en début septembre.

    Le nématode Neoaplectana carpocapsae est un agent de contrôle intéressant dans le contrôle des larves et des pupes de CRC. On peut l'appliquer au sol via un système d'irrigation goutte-à-goutte (Reed et Reed, 1986). L'application de nématodes entomogènes semble une bonne solution dans le cas de la CRC car et la larve de l'insecte et le nématode requiert un milieu humide pour leur développement. L'absence d'humidité constante est ce qui limite le plus l'utilisation de nématodes en lutte biologique.

    Autres moyens de lutte

    Insecticides et répulsifs végétaux

    Un grand nombre de plantes et d'extraits de plantes ont été testé comme répulsifs ou insecticides contre la CRC. Parmi les insecticides botaniques les plus courants, on connaît les faits suivants:

    - La roténone (concentration 5%) a une efficacité de 55% au champ (Gould, 1944). Elle n'est efficace que pour deux à trois jours. C'est un problème car la CRC se déplace souvent;

    - Le pyrèthre est très efficace pour paralyser au contact la CRC mais son effet est très peu persistant et la CRC peut survivre au pyrèthre.

    L'insecticide botanique qui semble le plus prometteur contre la CRC est le nim. Les extraits de la graine de cet arbre tropical, l'azadirachtine et la salannine, sont toxiques à la CRC et agissent aussi comme répulsif systémique (Reed et al., 1982b). La compagnie qui commercialise les savons insecticides Safer a l'intention de commercialiser les extraits de nim au Canada prochainement.

    Les recherches de Reed et al. (1981) sur les substances naturelles agissant contre la CRC ont démontré l'efficacité d'une quinzaine d'extraits de plantes à cet effet. Dans les plantes qu'on retrouve naturellement au Québec, on dénote que les pignons de pin blanc (Pinus strobus), les petites branches de l'orme d'Amérique (Ulmus americana), les feuilles de cèdre rouge (Juniperus virginiana), la sanguinaire (Sanguinaria canadensis) et la fougère ou dyoptéride marginale (Dyopteris marginalis) repousse fortement la CRC. Les extraits de plantes étaient efficaces lorsque l'extraction était effectuée à l'éther et à concentration de 50%.

    Les extraits de tiges de blé de la variété Durham ont aussi été efficaces. Les autres plantes ayant une action ne sont pas indigènes à nos régions (consultez l'article de Reed et al. (1981) pour plus d'informations).

    McIndoo (1945) mentionne le noyer cendré (Juglans cinerea) comme répulsif contre la CRC. La litérature populaire accorde à la cathaire, la tanaisie, le nasturtium, la verge-d'or et les feuilles et tiges de géraniums des propriétés contre la CRC. Le cas de la verge-d'or est plutôt douteux puisqu'il s'agit d'une source de nourriture pour la CRC en fin de saison.

    Parmis les autres recettes de jardinier contre la CRC, on peut mentionner les semis de radis alentour des plants de cucurbitacées. Le radis empêcherait supposément les femelles de pondre. Un autre truc consiste à épandre des pelures d'oignons au-dessus des semis. Finalement, un mélange de piments forts et d'ail dilué dans de l'eau repousserait également la CRC.

    Poudres minérales

    Un mélange de cendres, de chaux hydraté et d'eau appliquer sur et sous les feuilles repousse la CRC selon une source anonyme (1987). Cependant, même si Houser et Balduf (1925) reconnaissent une efficacité à la chaux vive comme répulsif de la CRC, ils insistent sur les problèmes que de tels traitements occasionnent aux plants en termes de brulûres des feuilles, retard de croissance et perte de qualité des fruits. Selon Isely (1927), le talc et la chaux sont les meilleurs matériaux de supports pour les insecticides dans le cas de la CRC.

    Il n'existe à notre connaissance aucune étude sur l'effet de la fertilisation sur la susceptibilité des plants de cucurbitacées aux attaques de la CRC.

    Autres

    ll existe maintenant sur le marché américain un produit commercialisé sous le nom de Adios qui consiste en un mélange de cucurbitacine et d'une petite quantité de l'insecticide carbaryl. Le produit vient en capsule à disposer dans la culture. Les CRC arrêtent de manger sur les plantes et se précicipitent sur les capsules pour les consommer et mourrir peu de temps après. Comme le produit est très spécifique et n'attire que la CRC, il est moins dommageable que les insecticides végétaux pour les insectes utiles. De plus, les granules en question ne se dissolvent pas dans l'eau et ne risque donc pas de polluer.

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